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Faut-il parler des émotions au travail ?

Longtemps mises au pilori dans le monde du travail, les émotions sont aujourd’hui à réhabiliter. En effet,  les neurosciences ont considérablement progressé et nous ont permis de prendre conscience de leur rôle capital dans nos prises de décision et notre aptitude à bien communiquer.
De plus en plus, les formations dans les domaines du management, de la cohésion d’équipe, de la relation client, du développement personnel,  abordent les émotions, soulignant l’importance de les gérer au lieu d’imaginer pouvoir les gommer. Mieux gérer ses émotions n’exclut pas de les vivre et ne signifie pas forcément d’en parler.

Au début était la peur

La peur est une émotion primaire qui a longtemps été étiquetée comme « faible ». « Même pas peur, même pas mal » disent les enfants, se conformant ainsi au message social selon lequel, les winners, les loups, les battants sont des modèles à suivre. Masquer sa peur, ne pas l’identifier ni la reconnaître, ne pas lui donner de sens, ne pas savoir l’exprimer n’est pas sans conséquences.

En effet, la vie ne manque pas de nous envoyer de quoi réfléchir sur ce message social et éducatif. Masquer ses peurs en toutes circonstances peut nous conduire au mieux à des relations faussées avec nos interlocuteurs au pire à un isolement ou des conflits personnels et interpersonnels insatisfaisants et parfois catastrophiques.

Dans les entreprises la peur est une émotion courante et plus ou moins exprimée. Parmi celles que  l’on rencontre le plus fréquemment :

  • Être ignoré
  • La trahison
  • L’humiliation
  • L’injustice
  • L’échec
  • Le rejet…

On a beau penser que certaines peurs sont irrationnelles, cela n’empêche en rien d’en ressentir les effets : accélération des indicateurs physiologiques de base (battements cardiaques, respiration, comportements de protection en repli ou en attaque défensive), pensées angoissantes, stress et comportements parfois inadaptés.
Or, comprendre les besoins qui se cachent derrière nos ressentis nous ouvre des possibilités d’y faire face ou d’aider l’autre à les confronter.

En  parler, oui et non !

L’idée commune est que parler fait du bien. Mettre en mot exerce un effet libérateur d’une décharge énergétique associée à l’émotion vécue dans une expérience de vie.

Ce qui ne signifie pas que parler avec quelqu’un, nous soulage forcément de l’émotion négative. En réalité, la vie quotidienne nous démontre que la « mise en mots » de ces expériences chargées émotionnellement n’est pas toujours positive. En parler trop et avec n’importe qui peut entrainer un effet réactionnel inadapté de l’interlocuteur qui ne sait pas toujours comment se positionner face à la plainte émise.

Comment se positionner face aux émotions d’autrui ?

L’émotion exprimée peut provoquer chez nous un effet de contagion émotionnelle : l’agacement, la colère nous envahit  lorsque nous ne savons plus quoi faire de la colère ou de la peur de notre interlocuteur !

Dans l’entreprise l’efficience des équipes dépend de la bonne gestion des émotions, autorisant ainsi la coopération et l’interdépendance des membres qui la constitue.

Voici 3 savoir- faire et savoir- être qu’il nous faudra développer au fil de la vie ;

  • Savoir écouter sans contrer ni conseiller, ni projeter, ni juger.Nous avons tous fait l’expérience d’un interlocuteur qui nous raisonne trop vite trop tôt avec de bons conseils que nous ne comprenons pas et qui augmentent sans le vouloir notre agacement et notre colère.
  • Savoir exprimer sa compréhension de la situation en accusant réception des raisons de la colère. Certaines reformulations sont apaisantes lorsqu’elles sont utilisées avec bienveillance et respect.
  • Aider votre interlocuteur à préciser le besoin caché derrière sa colère ou sa peur. A l’aide d’un questionnement bienveillant, il s’agit de mettre à jour les alternatives les plus adaptées pour aider votre interlocuteur à faire ses propres choix. Cette étape est complexe et demande d’adopter une posture d’aide sans orienter les choix de l’autre.

Sous le coup de l’émotion, notre raison n’est plus très opérationnelle ;  le savoir est une chose, l’accepter en est une autre.
La réaction émotionnelle (agitation, agressivité, évitement…) occupe tout notre être lorsque nous sommes imprégnés des neuromédiateurs qui inondent notre cerveau.  C’est pourquoi, il est illusoire de pouvoir gérer une émotion avant de l’avoir un tant soit peu vécue et traversée.
Lorsque nous devons faire face aux émotions, la première chose à ne pas faire est de les empêcher ou de vouloir les enrayer trop vite par le langage.

En parler peut être aidant voire même thérapeutique lorsqu’un « travail cognitif » a déjà été accompli ou est en train de l’être.

Émotionnellement vôtre !
Joëlle Ankaoua

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