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Travailler, c'est trop dur…

Si d’aucun pensent encore que le travail est une vertu, ils verront les choses sous un autre angle avec la conférence d’ André Comte-Sponville. En voici un résumé qui, je l’espère vous incitera à en prendre connaissance par vous-même.

Le travail, n’est pas une valeur morale en soi, c’est pour cela que tout manager doit lui donner du « sens »

Le mot travail vient du latin « Triplium » et qu’il désignait un instrument de torture. Le mot désignait autrefois l’état d’une personne qui souffre (sens  toujours utilisé en obstétrique). Il a été ensuite étendu aux occupations nécessitant des efforts pénibles.

Au début était le fouet qui faisait avancer les esclaves et les galériens. Gardiens d’esclave, ce n’était pas drôle tous les jours mais être managers c’est encore plus dur, car le fouet ayant en principe disparu, nous avons eu besoin d’ inventer le management. Les managers ont pour mission de faire et faire en motivant leurs équipes et leurs salariés, en donnant du sens au travail, c’est leur principale valeur ajoutée.

Le travail n’est pas une vertu, c’est pour cela qu’il est rémunéré

Une vertu, c’est la générosité, la justice, l’amour. Il s’agit de valeurs morales qui n’ont pas de prix et ne nécessite pas de salaire. Si vous demandez quelque chose en échange de votre générosité, c’est de l’égoïsme. Posez vous la même question pour la justice et cela devient de la corruption.

Il y a un marché du travail, et nous négocions notre salaire selon sa valeur marchande (et non sa valeur morale) . Tout travail mérite salaire, vacances et autres compensations extrinsèques. C’est parce que le labeur n’est pas une vertu qu’il faut s’intéresser au sens que le travail peut comporter pour chacun. Le sens premier étant de recevoir un salaire pour pourvoir à ses besoins, alors qu’est-ce qui fait la différence lorsque les salaires sont plutôt gelés et que le manager doit répondre de la qualité et de la quantité de travail de son équipe. Quel sens peut-on donner au travail qui soit motivant ?

Du « sens » au travail, de quoi s’agit-il?

Le sens est toujours extrinsèque, il renvoie toujours à autre chose qu’à lui-même . Le sens au travail est un concept qui peut prendre les 3 sens du mot « sens » : la sensation, la signification et la direction. Le sensation : Il vaut mieux que le travail n’ait pas trop mauvais gout » ,  répond André Compte Sponville. Quel est le sens de la vie si je n’ai pas le goût de vivre? La signification : mon travail a t-il une signification pour moi ? Est-ce que mon travail va quelque part ? as t-il une direction en soi ? Pas vraiment, toutes les réponses partent de celui qui travaille.  C’est pourquoi la valeur ajoutée d’un manager est d’être à l’écoute du sens que ses collaborateurs donnent à leur travail.

Car le sens du travail, c’est autre chose que le travail lui-même, cela se trouve ailleurs, dans la motivation de chacun. Ceux qui pensent le contraire se permettent parfois de traiter leurs collaborateurs de paresseux , ce qui est parfaitement  inefficace pour donner le gout de travailler.

« Le désir est l’unique force motrice » Aristote

Qu’est ce qui fait que chacun d’entre nous  est plus efficace dans son travail, c’est sa motivation, c’est à dire le motif. On ne travaille pas juste pour l’amour du patron, mais par amour de soi, de nos proches, de nos enfants. On travaille pour être soi-même heureux. Ce qui fait courir les clients, les équipes, les actionnaires, c’est le bonheur. Plus particulièrement, c’est ce qui nous pousse au bonheur, c’est à dire le désir ; le secret de la motivation, de ce qui est moteur, c’est le désir.

Nous sommes des êtres humains et que l’on peut croire avec Pascal que tout homme veut être heureux « tous les hommes recherchent à être heureux, c’est le motif de toutes les actions de tous les hommes jusqu’à ceux qui vont se pendre » Au fond celui qui se suicide, le fait pour ne plus souffrir (le bonheur, c’est la cessation de la souffrance). Ce qui fait courir les collaborateur, les clients, les supérieurs et les actionnaires, c’est le bonheur… « La chasse au bonheur est ouverte tous les matins » Stendhal 

Un manager, c’est d’abord et avant tout un professionnel du désir de l’autre. On choisit les grands dirigeants pour leurs aptitudes à être un  professionnel du désir de l’autre et non un expert technique.

Le marketing managérial

Les chefs d’entreprise consacrent du temps, de l’énergie et de l’argent à comprendre les désirs de leurs salariés ou de leurs clients. Ce qui est prioritaire car pour avoir les meilleurs clients, il faut savoir s’entourer de bons salariés (et non l’inverse).

On aura compris que l’on ne travaille pas par amour du travail, c’est pourquoi le management a été inventé : le coeur de métier d’un manager c’est de créer les conditions telles que le salarié ait envie de rester et de travailler dans cette entreprise là et dans ce service. Voilà un management réussi : faire en sorte que les salariés prennent plaisir à travailler ici, sous votre direction.

Cela pose la question de l’ambiance de travail et de la convivialité. de quoi chacun a t-il besoin pour travailler avec un peu plus de désir et de plaisir : avoir un sentiment d’évolution sociale? De reconnaissance? de progression? d’avoir le sentiment de  participer à une aventure collective?…  Travaillant ainsi en harmonie personnelle avec ses propres valeurs, chacun d’entre nous travailleras avec davantage de goût et de courage.

Travailler en harmonie avec sa valeur personnelle ? Est-une utopie ?

Selon un sondage, 80% des français réponde oui, mais seulement 36% des ouvriers, ceux qui ont le travail le plus pénible. Combattre le mal-être professionnel, ce n’est pas un supplément d’âme des managers, c’est leur métier.

Et plus le travail des collaborateurs est dur à exécuter et plus le management devra faire en sorte que chacun y trouve un peu de plaisir : Ne serait-ce que de retrouver une bande de potes, une équipe stimulante, des conditions agréables, des échanges enrichissants… Cela vaut pour les managers et les chefs d’entreprise : c’est plus facile de venir bosser le matin quand son manager arrive content de venir faire le boulot dans son entreprise avec son équipe… Alors vous,  les managers, surtout n’oubliez pas d’être vous-même heureux !

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